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2 mai 2021 7 02 /05 /mai /2021 18:21

Une ronde de nuit.

De

Raymond Penblanc

 

 

        Placé sous le signe de Nerval, c'est une évidence, comme le dit la quatrième de couverture et aussi l'épigraphe qui ouvre le roman.

 

        «Une ronde de nuit m'entourait; - j'avais alors l'idée que j'étais devenu très grand, - et que, tout inondé de forces électriques, j'allais renverser tout ce qui m'approchait.»

      Gérard de Nerval, Aurélia

 

        Le narrateur contrarié par une panne de voiture se trouve condamné à errer dans une ville où il avait autrefois effectué ses études une vingtaine d'années auparavant.

 

        «Je me suis perdu. Que voulez-vous, la ville, à commencer par les quartiers suburbains, avait changé, s'était complètement métamorphosée, avait été rendue méconnaissable…

...les ruelles du centre, certaines plus étroites que d'autres, constituaient un écheveau où l'étranger que je redevenais risquait de se perdre à nouveau, mais je suis passé au travers là aussi, me surprenant moi-même à mesure que la mémoire me revenait...»

 

        La configuration d'un passé enfui resurgit, comme si les pages d'un livre s'ouvraient...

Le présent se mêlant au souvenir.

        Sur une placette faiblement éclairée, un bassin en forme de vieux puits va provoquer ce que Nerval définissait comme étant «l'épanchement du songe dans la vie réelle.»

 

        Les souvenirs affluent, ceux de sa jeunesse, de ses camarades d'alors:

 

        «Nous avions entre dix-sept et dix-huit ans Berg et moi, et nous aimions déambuler le long des rues jusque tard dans la nuit, en nous racontant des histoires et en déclamant des poèmes.»

 

        Il y a la rencontre cette nuit là avec Simon étudiant aux Beaux-Arts qui pourrait être son double, quelques paroles échangées, d'autres peut-être inventées...

        Roman d'errance, âpre, nostalgique, l'ami Berg le poète disparu, ivre, en état d'ivresse permanent, malade et en bonne santé, ivre de poésie.

 

        «Il allait avoir vingt ans. Le bel âge. Que faire après sinon trahir? Il ne veut pas emprunter le chemin le plus étroit et escarpé de la vie... Alors il fait ce qu'il faut... il est seul, il marche le long des quais, dans deux secondes, le temps de compter jusqu'à trois, il aura disparu. Il fait noir depuis un moment déjà, il n'est pas loin de minuit, on entend sonner le premier des douze coups.»

 

        Un soir il y avait eu cette dispute à propos de ses tentatives d'être poète, un autre Baudelaire, un coup de poing dans la figure.

        «Nous ne nous sommes plus adressé la parole du reste de l'année, si bien que sa mort a produit l'effet d'une déflagration, dont j'ai commencé par le rendre entièrement responsable...il faisait chier la terre entière avec son caprice, et je l'avais vomi pour cela, avant de me mettre à vomir réellement et de faire rendre gorge à mon orgueil, sans verser la moindre larme.»

 

        «Pourquoi ne pas voir en Simon une réincarnation de Berg, tout comme il pourrait en être une de moi au même âge, et comment dès lors, ne pas croire en une libre circulation des corps et des âmes?»

 

        En une nuit un cortège défile, l'enfance , les échanges de sang , les bagarres, les amours, l'art picturale, l'orgue, l'illumination de la cathédrale, et toutes ses couleurs comme une alchimie Nervalienne, comme une scène de théâtre, on sait combien Nerval aimait aller à l'opéra... «Le rêve est une seconde vie .»

 

        Ce roman singulier écarte toutes les limites alliant l'intemporel au réel, le souvenir à l'imaginaire.

 

Couverture: Peinture de Hugues Breton, En traversant la nuit.

                                                                                          Hécate

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18 mars 2020 3 18 /03 /mars /2020 11:20
L'Eau-forte de Robert Alexis

L'Eau-forte

de

Robert Alexis.

 

 

      « Quand l'amour et la haine du monde se rencontrent, ça donne une eau-forte, de l'acide qui mord le cuivre protégé par un vernis, ou des mots qui s'en prennent au vernis des apparences.»

 

      « Si l'on ne sait plus trop quoi penser de Robert Alexis et de ses univers, c'est sans doute parce que le monde lui-même est impensable.»

 

      Pierre Roccanges n'a que quatorze ans quand son père disparaît dans la nature ne laissant qu'une enveloppe contenant une feuille blanche…

      Pierre ne retourna pas à l'école;quel intérêt trouver aux camarades de son âge, des gamins avec des joies et des soucis de gamins ?

      Il possédait un territoire dont la majesté, la grandeur s'ajoutaient au flot de sentiments que son cœur, sans y parvenir, tâchait de canaliser. Il était seul, double orphelin, à la tête d'un royaume dont il ignorait à peu près tout; il était malheureux, plein de rage et de pleurs à la nuit tombée, mais fier comme l'héritier précoce d'un domaine.

 

      Roman âpre et sauvage où la nature est une présence obsédante aussi belle qu' inquiétante, profonde et mystérieuse.

      Roman d'apprentissage, odyssée à travers le temps, les légendes , les superstitions où rôde encore la bestia, celle du Gévaudan.

      Qu'en était-il exactement des cinquante hectares du domaine de Pierre ? Des friches et des donjons érigés sous le ciel clair des nuits de l'été, ce royaume sans clôture où il va rencontrer une fillette errante accompagnée d'un animal, une sorte de loup sans en être un, un chien croisé, mâtiné de ce genre de monstre que les forêts recèlent et qui ressortent de temps à autre, au détour de l'histoire, comme ce fut le cas, trois siècles auparavant, quand la Bestia s'en était prise au Gévaudan.

 

      « -il s'appelle Baal ! un seigneur qui a daigné me suivre ici par amitié pour moi, dit Charlaine non sans fierté.»

 

      Le père de Pierre travaillait l'osier, les champs, connaissait les plantes, était rebouteur à ses heures, composait des fromages, des vins, des liqueurs, s'occupait toujours de tout, il avait laissé un cahier. Le mémento était pour Pierre le principal support, hormis des rares échanges avec son père...

 

      « Tu es Pierre, ta mère et moi ne t'avons pas donné ce prénom au hasard. Les pierres sont les relais entre les esprits et les vivants. Les pierres sont magiques. Tu apprendras plus tard ce que tu partages avec elles.»

 

      Il y avait donc plusieurs vies à vivre, celle qu'on imaginait, et celles qui étaient immédiatement offertes.

      Les cauchemars, de même que les rêves, résident au-delà de ce qui advient, ils sont le rappel d'une vie autre, aussi fortes que le réel, mais privés du semblant de certitude que l'on accole à ce qui appartient au domaine des sens.

 

      Pierre va tout faire pour reprendre le château des Roccanges dont il ne reste presque plus rien, des travaux avec pour seul repère une gravure de 1770...

 

      Le château ne semblait avoir été construit que pour cela, cette forge d'idées sous le ciel tiède des nuits d'été, cette moisson de mots qu'on aurait , le lendemain, à ramasser en phrases courtes, en intuitions féroces, un combat qui durait de père en fils, que la mort interrompait, qu'un enfant refaisait renaître avec la même violence.

 

 

      Il y a une fascination lente qui emporte dans ce roman dont je ne veux pas dire plus, Robert Alexis encore une fois encore écrit comme un envoûteur, un sorcier !

                                                                              (Hécate)

 

 

PhB éditions , février 2020

Tableau en couverture , Jean-Marc Rochette, Les Crêtes, 2010

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21 février 2020 5 21 /02 /février /2020 17:57
D'innombrables soleils de Emmanuelle Pirotte

     Le dernier livre qui m'a transportée est celui-ci.


     Il m'a suffit de savoir que dans ce roman bouillonnant de passion et tempétueux comme le vent, il s'agissait de la fin de vie de Christopher Marlowe , l'un des plus brillant dramaturge et poète élisabéthain assassiné, du moins laissé pour mort au cours d'une rixe pour me jeter dans ces pages.

 

     Marlowe, chantre inspiré du bonheur impossible et de passions déchirées , sensuel, transgressif, libertin, blasphémateur, accusé d'hérésie, il incarne l'esprit d'une Renaissance insolente, brutale et magnifique !

 

     Blessé, réfugié dans un manoir où Walter, son ancien amant, marié à Jane depuis quelques années, Marlowe est entre la vie et la mort.
     Dans ce château au bord d'une falaise battu par les vents , entre Marlowe et Jane , l'épouse de son ami va naître une passion bouleversante er rare entre ces deux êtres insoumis. Marlowe n'a jamais aimé de femme.

 

     " Les corps et les esprits s'unissant dans un élan charnel, hanté par la création artistique et l'urgence du temps qui reste.
- sais-tu qu'il existe une infinité de mondes ?
- encore ...demanda-t-elle..
- et que chacun de ces mondes possèdent un soleil comme le nôtre. ..
- l'univers contient d'innombrables soleils ! "

 

     Une écriture incandescente à laquelle il est impossible de résister qui nous plonge dans l'intimité des deux amants.

 

     Aujourd'hui encore, la date de la mort de Christopher Marlowe est incertaine, tout comme le lieu où repose son corps.


     Son œuvre fragmentée, laisse un long poème inachevé " Héro et Léandre"
Marlowe c'est la voix d'un homme pour qui le monde est trop étroit et qui rêve d'exploits démesurés pour assouvir son âme insatiable.

 

     Depuis mon adolescence, depuis qu'au détour d'un film, d'une lecture, d'une écoute radiophonique, je n'ai cessé de croiser sa route, j'en voulais davantage.


     Voilà qui est fait !


                                                                           ( Hécate )

Edition : Le cherche midi, 2019.

 

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13 septembre 2019 5 13 /09 /septembre /2019 17:27

" Les larmes les plus amères, les soupirs et les sanglots les plus profonds comme les rires les plus doux et les plus clairs devinrent musique. Les sèves anciennes et les fibres secrètes devinrent violons, luths, guitares, altos, et violoncelles."

Editions Le Clavecin Des Prés  Mai 2019.

Contact : clavecin.des.prés@gmail.com

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20 mars 2018 2 20 /03 /mars /2018 17:38
Zabor ou les psaumes de Kamel Daoud

Zabor ou Les psaumes

de

Kamel Daoud

          Ecrit comme un conte, ce livre est comme une poignée de pierres précieuses jetées sur un miroir! Chaque phrase est ciselée avec une poésie bouleversante.

          "J'ai découvert un jour que le mot page est née du mot pays. Quand on ouvre un livre, on pénètre un monde."

          Roman d'apprentissage ou confession d'un orphelin qui a choisi de défier la mort en écrivant des histoires et en découvrant le pouvoir de l'écriture. Peut-on sauver la vie des autres par ce don prodigieux ?

          " De tous les miens je suis le seul à avoir entrevu la possibilité du salut en écrivant.

          Que se passe-t-il quand je dors ? C'est peut-être le temps mort de la mort en quelque sorte.

          Un combat qui dure depuis trente ans dans la vie de Zabor, celui de la vie contre la mort .Il vit une enfance douloureuse, isolée, et son âme torturée puisée dans l'imaginaire est la seule consolation à toutes ses questions.

          Il a la certitude que le monde ne doit sa perpétuité qu'à la nécessité de sa description par quelqu'un, quelque part.

          "Et si il n'y avait pas de raisons ni d'ordre dans la mort, pourquoi devrions-nous en chercher dans la vie ? "

          "Quand moi j'oublie, la mort se souvient."

          Sous la plume de Kamel Daoud la calligraphie est un chant haut, un territoire de résurrection, l'alphabet un bestiaire, et l'écriture la seule ruse contre les cigognes de la mort.

          "Parfois se pose la grande question du Mal et celle du choix. Que faire, en effet, quand sauver une vie équivaut à épargner un monstre ?

          Le destin est un cahier comportant des fautes que l'on peut corriger. Non, l'image n'est pas parfaite, je l'édicte autrement, nous sommes les mots d'un grand récit, consigné quelque part, mais nous sommes en quelque sorte responsables de nos conjugaisons."

          Récit exalté qui remonte le temps, veut perpétuer la mémoire, traverse les œuvres littéraires comme des voyages, des révélations amoureuses, fable incantatoire d'une grande beauté lyrique , où la tragédie est transcendée.

          " La mort , qui avait écouté Zabor avec plaisir, se dit en elle-même : J'attendrai jusqu'à demain; je le ferai toujours bien mourir quand j'aurais entendu la fin de son conte."

Barzakh (Alger) 2017/ Acte sud (France) 2017.

 Hécate

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11 février 2018 7 11 /02 /février /2018 13:33
L'Ange Rose de Hortense Dufour

" Un jour d'hiver particulièrement morose, je quêtais sur le site internet une adresse douteuse. Le Néon Violet. Relaxation, la fin de la solitude.
Le Plaisir, les plaisirs. L'anonymat absolu. Une adresse, un téléphone, un lieu de plaisir
Je n'étais pas assez sotte pour ne pas deviner un lieu salace, un abysse où l'on se perd, où l'on se retrouve.
Je ne savais pas..."

La narration commence comme un journal intime, comme un murmure à soi- même. Une femme se raconte, monologue avec ses souvenirs, s'interroge :
" Que faisais- je, femme décente, petite bourgeoise, épouse d'un général au club douteux Le Néon Violet ?

J'y étais allée, comme on s'engage dans un chemin embourbé, barré d'un grand sens interdit, comme ça, sans rien comprendre à ce besoin de glisser au hasard d'une indicible ornière."

Une fille de 16 ans et un mari épousé, follement par amour, de 12 ans son aîné. 
A quarante sept ans, elle n'est ni la plus jeune, ni la plus mince, ni la plus laide, dans ce club de rencontre, enroulée dans son manteau.
Elle regarde, spectatrice des plaisirs qui se déroulent ...

Des femmes harnachées de jarretelles de bustiers en acrylique rouge, noir, mauve. De longues bottes en vernis ou des mules à talons. La jeunesse de ces femmes avaient avait fichu le camp, goutte à goutte sans pitié.
Aucune ici, les hommes non plus, n'avaient accepté le banal affront du temps.

Le Néon Violet, cette solitude de chairs frottées, de rires...La monotonie salace d'un plaisir payé.
Un présent s'inscrivait dans la lubricité bienheureuse de ce lieu.

Là- haut, la fille, moi si je le voulais, si je le payais, sur le dos, sur le ventre, à genoux, léchant, léchée, mordue, branlée, branlant, chevauchant, fouaillée au fond de tous les orifices.
Une gymnastique infâme que l'amour eut magnifié. 
La solitude de la jouissance.

Ma récompense approchait. Un albatros fonceur se posait face à moi. L'ange rose.

L'amour est irrésistible !
- Zangra ...soupiraient des voix. Il était l'aimant unique pendant ce moment unique ; ce moment rose.
Devenais- je folle ?... je voulais l'emmener avec moi, l'emporter je ne sais où. La détresse coinçait ma gorge.
J'étais tombée dans un coup de foudre. C'était la seconde fois de ma vie. C'était différent. Une brûlure intense.
Un danger suave et sans limite.

L'Ange Rose. Il s'appelle Zangra. L'arc adorable des lèvres .Au début le mépris. Il ne donnait rien. Il montrait sa carte sanitaire. Il parlait anglais, comprenait le français, disait quelques mots.
Etait- il bosniaque, serbe, croate, roumain ? Zangra.

- Affection .
Il m'appelait ainsi : Affection.
L'Ange rose était l'authentique danger d'amour.

- Mets - toi nue, c'est mieux.
Il attendit que je jetasse ces oripeaux de pute. Je grelottais légèrement étendue sur le drap violet qui faisait office de couvre- lit.
Il me serra contre lui très fort. J'étais nue, il était vêtu de noir. Nous fumions. La lumière devenait une léchure de lune. 
Je baisais la petite étoile bleue à son cou. Il eut une raideur imperceptible. 
- N'y touche pas.

Le spectacle d'un jeune homme très beau, si léger que ses bottes n'étaient même pas souillées de la boue du sol.
Zangra avait légèrement changé. Il me regardait vraiment. Nous n'avions pas besoin de la parole. Mon approche du désir aussi avait changé. Le désir est un sentiment complet. Je désirais l'ange rose à en mourir, et je ne voulais pas faire l'amour avec lui.

L'ange rose m'avait restitué le désir égaré. Je ne savais pas du tout où cette passion m'entraînait.
Une certitude flambait : j'étais bien. J'étais libre de quelque chose qui m'étiolait.

Zangra n'avait que sa personne à donner : il l'offrait, sans concession, sans exigence, il l'offrait, il prenait aussi.
Je baisais ce corps, des cheveux aux pieds, de la cheville aux yeux qu'il fermait à la manière d'une femme amoureuse.
- Combien faut- il pour te rendre ta liberté ?
- N'en parlons plus, je t'en prie. Il n'y a pas de liberté.

Quelque chose d'immense nous unissait, nous, que tout allait séparer...."

Presque chaque livre est une rencontre en lien avec une exploration intime, une expérience, une recherche...peut- être pas à chaque fois...
J'avais lu bon nombre des livres d'Hortense Dufour, puis je m'en étais détournée sans raison pour aller vers d'autres auteurs.
Il y a eut ce titre " L'Ange Rose". 
Et j'avais voulu écrire une chronique...je ne l'avais pas faite...j'ai retrouvé des esquisses, et il n'est peut- être pas trop tard de parler d'un roman qui bouleverse...

( L'Ange Rose. Hortense Dufour. Editions Du Rocher .2004 )

 

                                                                                                      Hécate.

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22 octobre 2017 7 22 /10 /octobre /2017 10:45
Interlude 24

 

Je suis dans l'absence d'une présence

Dans la branche qui va mourir

Je dans le vide du ciel

Comme un oiseau blessé qui tombe

Je suis l'air qui va où il ne sait

Je cherche une présence qui n'est pas

Une présence faite d'absence lointaine

Un murmure inventé de fontaine

Un soleil qui ressemblerait à la lune

Mon cœur est un pavot qui rêve

Je m'absente de mon être, je ne suis plus

Que la transparence dans l'invisible

Un souffle qui passe et caresse

Un bonjour qui est comme un adieu

Une incertitude qui erre dans le soir

Une certitude de n'être rien qu'une absence

Un pas effacé qui trébuche sur la terre...

 

                                                                    Hécate.

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26 juin 2017 1 26 /06 /juin /2017 13:17
illustration Yuri Ovchinnikov

illustration Yuri Ovchinnikov

Dans le bleu pur de l'aube proche

Les étoiles filent tout près ;

Faut-il donc que vite j'ébauche

Un souhait, mais que désirer ?

 

Serge Essenine 1885-1925

 

 

 

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25 janvier 2017 3 25 /01 /janvier /2017 16:44

 

FÊTE

 

 

 

 

Des ardeurs comme le camélia rouge

Piqué à l’oreille safran du tzigane,

Voilà ce que t’offrirait une fête profane

Dans la couleur des robes qui bougent !

 

 

Il faudrait aussi des heures arrachées aux nuits

Saignées à blanc comme des murs chaulés,

De la musique tous pétales éclatés

Aux doigts écartelés que le regard suit...

 

 

Des ivresses triomphantes jaillies des bouches

Et déversées dans le cristal brisé des voix

A ne plus savoir séparer la douleur de la joie

En ces nuits où l’archet seul, sur le violon, se couche...

 

Hécate

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14 novembre 2016 1 14 /11 /novembre /2016 11:42

LOIN DU FLORE

de

Méziane Aden

       

 

   Il y avait bien longtemps que je n'avais rencontré un livre qui me touche vraiment, un livre où la poésie s'épanche avec cette fluidité vibrante de sensibilité où s'entend la musique discrète de la sincérité qui fait écho. Une voix...un murmure...

 

          Tout d'abord mon attention est retenue par l'habillage du livre, première de couverture , mauve délicat de la bruyère, puis l'édition Le Clavecin des Prés qui rappelle Rimbaud : (La main d'un maître anime le clavecin des prés.) et plus encore l'autoportrait de la quatrième de couverture...

          Et puis, au hasard, je lis quelques vers, quelques phrases...

 

" Tous le je me ressemblent

Me rejoignent me touchent m'offrent leur sève et leurs émois

Aucun je n'est un autre

Rien ne m'est étranger ni ne m'indiffère

Tout ce qui vit même un instant traverse le même univers

Regarde le même horizon et goûte au même ciel..."

 

          Les pages se tournent entre mes doigts, le regard arrêté ici ou là

 

" Longtemps je n'ai eu d'humain

Que la forme que les apparences..."

 

" Je suis né à la frontière des métamorphoses de mondes se déployant sans limite et sans fin..."

 

          De fines illustrations, gravures anciennes du Club Gutemberg situent l'intemporalité de toutes les poésies du passé les joignant avec celles du présent.

" Mes racines flottent au vent

au-dessus des eaux et des sables

de lagunes salées parées d'écume

de récifs comme des cristaux sans fin

à vrai dire je n'ai plus de pays

rien qui ne me retienne

ici ou là

à l'un ou l'autre rivage..."

 

          Depuis l'acquisition de ce recueil, j'ai commencé à publier ici et là sur Facebook des bribes qui me plaisaient, même des poèmes complets bien reçus dans l'ensemble par ceux et celles qui suivent mon parcours, et, après bien des hésitations, j'ai écrit à Méziane Aden afin de lui demander l'autorisation d'écrire une chronique sur son recueil qui m'enchante et me bouleverse.

" De la prison du réel nous n'avons, les yeux remplis de larmes, rien à dire

Ciel, terre, feu, océan, or joyaux ...etc. ne sont que des reflets, des apparences, des dons éphémères auxquels, il sera nécessaire et impérieux un jour ou l'autre de renoncer..."

" J'ai l'espace temps et je nage entre les couleurs."

 

          Méziane Aden a vécu à Paris, puis maintenant il est à Loches depuis 2001. Il préfère vivre à présent plus près de la Nature, plus calme, il aime les arbres, le silence éloquent des très vieux arbres...de hêtres en particulier et n'hésite pas à se relever la nuit pour écouter le chant du rossignol.

          Il aime la peinture et la musique dont il dit qu'elle est "une déesse qui s'offre à tous, sans pudeur, ni frontière ni retenue, et qui pourtant demeure toujours pure et fidèle."

 Ce recueil m'est précieux et au risque de me répéter, il est une douce présence, c'est une joie de lire ou relire ces ballades poétiques  et tous ces murmures confidentiels aux charmes indicibles...

 

          Il était présent cette année  le 28 août à La Forêt des Livres cette grande fête de la littérature organisée par Gonzague Saint Bris et, Méziane Aden a eu la générosité de partager avec moi, avec vous, lecteurs, lectrices ce qu'il avait écrit alors pour s'expliquer sur son livre Loin du Flore.

                                                                                                                                        Hécate.

« J’écris depuis l’âge de quinze ans, depuis la découverte de Baudelaire et de Rimbaud, depuis la lecture des «Fleurs du Mal» pour la perfection du style et la puissance, la profondeur des thèmes abordés, le Spleen et l’Idéal, ce « frisson nouveau » qui parcourut la littérature du XIXe siècle et qui nous touche, nous émeut encore aussi intensément aujourd’hui, et celle des «Illuminations» qui fut comme un éblouissement, une révélation, celle du pouvoir des mots et de la poésie vivante, en mouvement... Au-delà des formes figées et des conventions, comme la naissance d’un nouvel univers, créé par la magie des mots, des visions, des ellipses, d’un sens musical inouï, des assonances. D’autres « phares » ensuite firent naître depuis mon adolescence dans mon cœur admiration et inspiration, comme Villon, Du Bellay, Ronsard, Apollinaire, Aragon, Eluard, Char... Les textes de ce recueil « Loin du Flore » sont une sélection de feuillets écrits sur une période d’une vingtaine d’années. Ce sont comme des extraits d’un journal secret, des moments de vie, des rêves, des visions, des espérances comblées ou déçues, plus que de véritables poèmes. Le plus souvent chaque texte s’impose à moi, surtout la première phrase, la première alliance de mots qui résonne soudain et fait vibrer la bonne corde, jusqu’à atteindre peu à peu sa forme et sa sonorité justes, le mariage réussi des idées et de la forme qui les cristallise avec justesse.. Je mets le meilleur de moi-même dans chaque poème, le cœur à nu, sans fards ni faux-semblants, ainsi il n’est besoin de rien d’autre pour me découvrir, mieux me définir ou mieux me connaître...»

Méziane

 

Les Editions Le Clavecin des Prés juin 2016 prix 8 euros. Contact : meziane.aden@gmail.com  

 

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